L’alternance est elle bénéfique ?

Avec le départ d’Henrik Lundqvist cet été, les cages étaient grandes ouvertes pour que le jeune Igor Shestyorkin reprenne le flambeau du King. Mais comme à son habitude, Alex Georgiev n’a pas lâché et son camp d’été a du mettre le doute au staff qui a décidé d’employer l’alternance en début de saison. Un match chacun et un principe d’égalité censé bénéficier à tous, mais voilà, le poste de gardien, sur lequel la planète hockey a été élogieuse, n’a pas été un point fort des Rangers en ce début de saison. Alors bonne ou mauvaise idée cette alternance ?

En voulant partager le temps de glace entre ses deux gardiens, David Quinn souhaitait sûrement appliquer sa règle de la méritocratie. Fort probable qu’il voulait aussi étendre ceci à ses deux jeunes portiers, pour qu’aucun ne se sente favorisé, ni défavorisé. Mais pour le moment, cela semble aller contre lui et ses principes qui sont de base pourtant justes.

Départs arrêtés

Statistiquement, pour Evolving Hockey, à fin janvier, les deux portiers exercent moins bien que l’an passé, ne permettant pas de faire des choix en toute quiétude. Alex Georgiev reste sur une défaite en prolongations face à Pittsburgh, et son bilan chiffré n’est pas idéal. 1 victoire, 2 défaites, et 1 de plus en OT, un pourcentage d’arrêts de 88.4% en 2021, alors que son bilan 2020 affichait 90.93% en 34 matchs. Son taux de buts sauvés par rapport à un gardien dit moyen, était de – 0.32, ce qui était déjà pas fantastique, mais cette année, il se trouve être de – 2.24.

Son homologue Igor Shestyorkin a lui surfé sur une arrivée en fanfare dans la ligue, mettant le doute immédiatement dans les têtes du staff, qui a du gérer rapidement les temps de jeu et états d’âmes des trois gardiens dont le vétéra, Henrik Lundqvist. 92.86% de taux d’arrêts, 7.79 buts sauvés par rapport à la moyenne, il a directement bousculé la hiérarchie. Cette saison, sans la présence du King Lundqvist, il démarre lentement comme le reste de l’équipe. 91.6% d’arrêts, et 0.85 buts sauvés, le tsar est mieux depuis quelques matchs mais a souffert d’un réel soucis à l’allumage.

Le travail au centre des débats

Pour Stephen Valiquette, ancien gardien des Rangers et consultant sur la chaine MSG, la stratégie de David Quinn permet aux deux gardiens de garder la pression et l’envie de travailler dur. Psychologiquement, un gardien qui sait qu’il jouera le prochain match, “lève le pied à l’entraînement pour garder de l’influx pour le match“, dans la situation actuelle, personne ne sachant qui va jouer le match suivant, les deux joueurs sont obligés de se donner à 100% aux entraînements quoiqu’il arrive.

Par la même occasion, David Quinn parvient donc à faire travailler plus ses gardiens. ils sont jeunes et perfectibles, leur coach souhaite donc les faire progresser par le travail. Nul doute que Benoit Allaire, leur coach des gardiens, sait les mettre sous pression et leur permet de progresser individuellement.

Une histoire de confiance et de rythme

Mais ce qui ressort de ceci, c’est qu’à force de vouloir éviter d’établir une hiérarchie trop rapidement, il entame la confiance de ses deux gardiens en les empêchant de prendre confiance et de se mettre en rythme. Cela joue certainement aussi sur leur besoin d’être décisifs en 3e tiers, lorsque les choses se décident.

Et malheureusement pour eux, et pour la pression qui pèse sur eux depuis le 14 janvier, l’écrasante majorité des matchs qu’ils ont joué se sont soldés sur des scores serrés, à un but d’écart. Mieux encore, sur au moins 4 des 7 derniers matchs où les Rangers étaient devant dans le dernier tiers, ils ont vu leur adversaire les renverser. La conséquence est simple avec une seule victoire en prolongations, le reste étant des défaites.

L’importance du gardien dans ces moments-là est simple, il faut faire les arrêts importants pour tenir la baraque. Plusieurs fois les Blueshirts ont rencontré des gardiens en verve, tels que Varlamov, DeSmith, ou Blackwood. Ceux-là ont fait ce qu’il fallait pour que les NYR ne marquent pas et ne plient pas le match.

En enchaînant les deux derniers matchs, Igor Shestyorkin a culminé à 93.8% contre Pittsburgh et 92.3% face aux Caps selon Natural Stat Trick avec surtout un joli 2 sur 13 en chances très dangereuses adverses encaissées. Il devient donc décisif et bizarrement les résultats de l’équipe changent. En témoigne sur le dernier match, les deux occasions stoppées sur le coup d’envoi contre Alex Ovechkin, et la première action du T2 face à Tom Wilson.

L’affaire De Angelo / Georgiev

Avec cette alternance, cela aurait pu durer un moment, et on ne sait absolument pas comment les choses auraient pu évoluer, mais le sort en a peut être décidé autrement.

Après la défaite la semaine dernière face aux Penguins de Pittsburgh 5-4 après prolongations, une altercation a eu lieu entre Alex Georgiev et Anthony De Angelo, provoquant l’envoi du défenseur américain au ballotage, puis finalement à la maison. Il y a visiblement eu des échanges de coups, et le staff a préféré laisser Igor Shestyorkin continuer sur sa lancée de la victoire face aux même Pens deux jours plus tard puis contre Washington.

Avec “48h dernières heures difficiles pour Georgiev“, il était sans doute mieux de ne pas l’exposer trop rapidement. En dessous de ses performances de l’an passé et de l’année d’avant notamment, il a peut être besoin d’un peu temps aussi.

Les récents évènements n’ont certainement pas du l’aider à se poser mentalement, et même si dans ces cas là se replonger dans le travail peut l’aider, on sait qu’un gardien doit être psychologiquement serein et calme pour enchaîner les performances de haut vol.

Cette alternance est donc sans doute bénéfique pour la masse de travail à accomplir des gardiens, mais le rythme est sans doute important. Henrik Lundqvist était aussi réputé pour avoir besoin d’accumuler des matchs pour trouver un haut niveau. Igor Shestyorkin semble de la même veine, et il est de toute façon l’incontestable numéro un. Si Alex Georgiev a prouvé qu’il méritait du temps de jeu et de la considération, il n’est pas un numéro un mais un excellent gardien de soutien.

L’alternance fait travailler les gardiens pour sûr, mais il n’est pas improbable que cela leur nuise aussi, tout comme aux résultats de l’équipe. Le temps dira si cette analyse est bonne ou pas, car le coach est dans le vestiaire, pas comme nous, il a donc des données que nous ne possédons pas, il parle avec ses joueurs, et l’accord semble fait avec ses gardiens.

Mais pour le moment les coïncidences sont frappantes. L’avenir nous le dira, mais le doute est actuellement de mise sur le sujet.


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