Reprise et points d’interrogation : L’attaque.

Le 3 Janvier marque le début du camp d’entraînement. Enfin me direz-vous, un peu de NHL, et surtout enfin le retour de nos Rangers. Maintenant, si la saison promet d’être excitante, il y a malgré tout plusieurs points à régler, ou questionnements légitimes, avant de considérer l’équipe sur les meilleurs rails qui soient. Voici une petite liste, sans doute non exhaustive et en deux parties, des axes majeurs d’interrogation, avec cette fois-ci, l’attaque, entre autres.

Les Rangers sont en reconstruction, ça on l’avait compris. 3 saisons sans playoffs, mais de la réussite au tirage. Un choix N°2 à la draft de l’an passé, et le choix N°1 cette année. Si on dit que la chance sourit aux audacieux, les Rangers ont prouvé qu’en tout cas, elle sourit aussi à ceux qui ne tankent pas. Résultat des courses, Kaapo Kakko, et Alexis Lafrenière sont à bord, et le puzzle doit maintenant prendre sérieusement forme.

Pour que Kaapo Kakko confirme

Pour le finlandais volant, l’adaptation n’a pas été idéale. On attendait monts et merveilles du bonhomme de part le fait qu’il jouait déjà avec des adultes en Liiga, mais l’éloignement familial, la barrière de la langue, et surtout la taille (plus petite) des glaces nord-américaines, ont eu raison de son intégration et, de fait, de son rendement. S’il n’est pour le moment pas encore rendu au statut de “Bust“, il va devoir montrer l’étendue de son talent dès cette saison, surtout que ses manquements ont été identifiés, et que la base de travail pour cet été était claire. La priorité allait vers le patinage, et le fait de faire des différences sur de petits espaces, ce qui l’avait rendu si désiré sur les glaces européennes, mais qu’il a eu du mal à intégrer en arrivant en NHL.

Ses play-ins ont été meilleurs, et il y a fort à parier que le joueur sera différent à la reprise. Mais du coup, où le mettre ? Et à qui l’associer ? Une chose est claire, et les sites de fans américains (comme Blueseatblog par exemple) le précisent également, pour que Kaapo Kakko réussisse, il faut l’entourer correctement, et éviter de le placer sur l’aide d’un Brett Howden par exemple. Le canadien a des qualités, mais elles tournent autour du travail, et de la défense. Il n’est pas un centre créateur, et ils ne s’apportent donc pas grand chose, pour être poli.

Une association avec Filip Chytil semble donc plus dans l’air du temps, mais celle avec Ryan Strome semble encore plus à propos, surtout quand on sait que l’aile gauche est occupée par Artemi Panarin. L’évolution opérée par le suomi contre Carolina en play-ins donne enfin de l’eau à son moulin, et l’envie au staff de le faire jouer plus haut dans l’alignement. Et l’éclosion du finlandais le demande. En reparlant de Filip Chytil, leur intérêt est par ailleurs mutuel, car en tant qu’agent libre restrictif, l’été prochain sera sportif pour le resigner,.

Autre joueur en fin de contrat, Pavel Buchnevich. Après son record de buts et réalisations en carrière l’an dernier (16-30-46), et son contrat passerelle à 3.25M par an prenant fin, le russe serait sur le marché si les NYR ne le prolongent pas avant. Mais pour cela, il lui faudra réaliser une saison pleine, sans que le russe ne donne l’impression d’être si nonchalant. Pour cela, il lui faudrait garder sa place en 1e ligne, accompagné de Mika Zibanejad et Chris Kreider. Buch a d’ailleurs lutté pour gagner ce rôle là, avec plusieurs passages plus ou moins longs et explicites sur le fameux “Quinn Bench“. 

Mais au rayon des attentes, la dernière loterie a fait sauter la banque. Avec le choix numéro un, les Rangers ont eu le plaisir de sélectionner Alexis Lafrenière. 35 buts, 77 assistances pour 112 points dans sa dernière saison en ligue mineure (QMJHL), le québécois a bien entendu attiré toutes les convoitises mais a finalement filé vers New York. Son utilisation sera primordiale. Si son intégration devrait être plus fluide que Kaapo Kakko, car déjà habitué à la taille des glaces, et moins concerné par l’éloignement familial, le canadien francophone est très attendu, et tout de suite. Mais l’expérience avec Kakko étant fraîche, le staff devrait prendre des gants avec “Laf“. 

Tout d’abord, ils devraient éviter de le faire jouer à toutes les sauces, à savoir, hors de son poste de prédilection, l’aile gauche. Ensuite, pour le faire éclore progressivement, quoi de mieux que de le faire évoluer dans l’ombre de joueurs confirmés comme Chris Kreider ou Artemi Panarin? En évoluant en 3e ligne, il aura le temps de progresser, et atteindra son prime lorsque ses deux compères précédemment cités seront, soit sur le déclin, soit retraités. Son évolution aura été naturelle et encadrée. Le griller dès maintenant en le faisant surjouer peut avoir un bénéfice rapide, mais peut aussi le mettre à l’envers, ou provoquer des blessures. 

Dernière question, mais qui prendra quelques mois supplémentaires, est celle de Vitaly Kravtsov. Le russe est en KHL, a marqué plus de 10 buts et développe son jeu. Finies les envolées lyriques et les “coasts-to-coasts“, Kravtsov joue maintenant en supériorité numérique, dans le trafic, en déviation, et se familiarise avec la défense. Le joueur n’a pas spécialement apprécié son aventure nord-américaine l’an dernier, et après avoir quitté le continent américain en pleine saison, il est maintenant en rédemption au Traktor en attendant que la NHL reprenne de manière formelle et durable. Il terminera de toute façon la saison en Russie, le reste dépendra de l’état de l’effectif new yorkais, des choix du staff et de la propension qu’aura le russe à s’adapter pour de bon. Sa place dans la rotation se trouvera à droite, en 2e ou 3e trio, suivant les performances de Buchnevich, Kakko, et consorts. 

L’axe au centre de toutes les attentions 

Autre sujet brûlant, la position de centre. Dans l’ordre, Mika Zibanejad, Ryan Strome, Filip Chytil (ou inversement) et Brett Howden devraient débuter. Le dernier cité bénéficie de la mansuétude du staff mais joue gros, car il suscite beaucoup de questions. C’est Morgan Barron, issu de la NCAA avec l’université de Cornell qui pourrait en profiter, surtout que son profil polyvalent commence à devenir intéressant. 

La place faite dans la masse salariale sera utile l’an prochain, et l’organisation pourrait en profiter pour placer une offre sur le marché des agents libres qui procurera un grand nombre de joueurs dont le profil pourrait correspondre. Si Filip Chytil fait partie intégrante du projet, Ryan Strome, lui, a un contrat passerelle, et joue là en attendant mieux. Il s’entend bien avec A. Panarin et participe pleinement à l’évolution du groupe mais ses émoluments salariaux ne correspondent pas à un centre de 3e trio, qu’il devrait être dans cette équipe. 

Ô Capitaine mon Capitaine ?

La question du capitanat est également toujours d’actualité. Toujours pas de désigné pour porter le maillot orné du C, et un staff toujours peu enclin à prendre une décision forcée. Et comme les voix s’accordent à le dire, les choses doivent “venir naturellement“. Jusque là, Henrik Lundqvist aurait pu endosser ce rôle, mais son poste n’encourageait pas David Quinn à sauter le pas. En défense, peu avaient la carrure nécessaire. Il restait donc deux possibilités devant, avec Mika Zibanejad, ou l’éternel Chris Kreider, aux performances égalant son charisme dans le vestiaire et son approche des jeunes. David Quinn ne semble pas pressé de faire son choix, l’expérience parlant en sa faveur, les Rangers jouant depuis deux saisons sans capitaine. 

Le coach est il LE coach ?

Enfin, David Quinn et son staff arrivent dans leur dernière saison. Quel avenir leur réserver ? Si le coach a remis de l’ordre dans la maison, ré insufflé une ligne de conduite et un fil rouge dans une équipe qui paraissait à la dérive sous Alain Vigneault, il y a encore de grosses zones d’ombre. 

Le jeu à 5 vs 5 n’est pas bon, l’équipe étant trop souvent trop dominée. Le système a souvent survécu grâce à des performances XXL des gardiens, mais on ne peut bâtir une équipe gagnante sur ce simple principe. Le temps de jeu parfois limité des jeunes, l’entêtement sur des joueurs pas au niveau, ou pas utilisés de manière optimale, ne plaident pas en sa faveur, même si le développement de certains joueurs passe par de la dureté, comme ses passages au banc répétés qui ont eu raison de la flemme de Pavel Buchnevich, ou du mauvais caractère de Tony De Angelo. 

L’apport de Jacques Martin en remplacement de Lindy Ruff pour la défense et le jeu en infériorité numérique va amener ce dont le jeu en défense a besoin, mais l’écart avec le haut du classement de la conférence Est est encore trop conséquent. David Quinn a presque failli glaner une place en séries éliminatoires l’été dernier, la progression voudrait que les Rangers se mêlent de nouveau à la lutte mais la division et le format de cette saison un peu spéciale va rendre la tâche ardue. Quasiment toutes les équipes contre qui les NYR vont jouer sont en théorie plus solides, aux NJ Devils près. 

Alors, si les Rangers ne parviennent pas à améliorer leur bilan, dans la dernière année de contrat du staff, Jeff Gorton pourrait être amené à prendre d’autres décisions et souhaiter trouver un staff plus à même de faire passer l’équipe au cran supérieur. En attendant, il aura rempli une partie de son rôle en remettant un peu de discipline et une mentalité positive dans la maison. L’effectif et le réservoir sont remplis d’espoirs, et son passif universitaire ne fera pas de mal à ces joueurs là, même s’il n’est pas le coach qui emmènera la franchise à soulever une coupe dans les années à venir. Mais ça, seul l’avenir nous le dira. 

 


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